C’était en septembre 2022 pour les personnes présentes au festival – on a fait le pari fou de lire un texte engagé à la fin du festival. On n’en n’a pas parlé sur les réseaux, on ne l’a pas annoncé dans la programmation, parce qu’on avait peur que ça fasse fuir le public, qu’on nous dise que c’était pas le moment, pas le lieu. Puis finalement grâce à vous, grâce à l’énergie présente lors de cette édition des Graines, on a osé, on s’est lancé.e.s – juste après le la dernière track du dernier set de la dernière artiste du festival.
Ce texte, c’est La Promesse des Graines. Parce qu’on a besoin de se projeter, de vous promettre qu’on sera là et qu’on continuera à vous faire danser, quoi qu’il advienne. On avait envie de se créer cet espace d’expression pour vous partager se qui nous anime dans l’équipe, ce qu’on pense.
Au delà de ce que l’on pense, on veut faire passer des émotions aussi. La transition écologique et solidaire, ce n’est pas que des chiffres, des analyses, des tonnes de CO2. C’est aussi un nouveau monde qui s’offre à nous, un monde à imaginer ensemble. Cette promesse elle dessine aussi les contours du futur de l’association: des imaginaires plus forts, appuyer et accompagner la création artistique engagée. De nouveaux projets sont en cours autour de tout ça, reste avec nous!
Inspiré de L’humanité en péril de l’écrivaine Fred Vargas et lue sur la musique Pipeline de Worakls, cette promesse nous donne des frissons quand on l’écoute.
Elle est là :
On espère que ce texte te donne envie de bouger les lignes, de militer, de danser, de t’engager et surtout de continuer d’écrire à nos côtés l’histoire des Graines. En tout cas, on te promet que tant qu’on a l’énergie et que tant qu’on voit le bon de ton nez à nos événements, on continuera. On continuera d’encrer ce futur solidaire dans vos coeurs. Et dans les nôtres.
PS: On a une version vidéo, c’est un peu le bazar mais on peut pas s’empêcher de la partager quand même!
Pour la version écrite du texte :
“Vous ne m’entendez pas toujours, pourtant je crie et je m’emporte, je passe de 29 à 32, chaleur forte. Parfois je me tais, entendez-vous les chants des derniers chardonnerets ? Nos campagnes sont silencieuses, nos villes surpeuplées, même nos voitures hybrides me donnent des rides !
Je vis tant bien que mal, les maux de notre société surexcitée et je m’emballe, je bois trop de café. Je pars en fumée, je pars en lambeaux, moi qui me trouvais jadis si belle et qui nous trouvais, ensemble, si beaux.
Je n’ai plus de musique dans la tête, pas même une petite mélodie disco ou éléctro. Je n’ai plus goût à la fête. La pandémie covid y est sans doute pour quelque chose, olfactif ou affectif, je ne sens plus mon cœur battre quand je vous entends dire « apéro ».
Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance, nous avons chanté et nous avons dansé.
Nous avons construit la vie meilleure, la vie rêvée. Nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit nos voitures de fonction, excavé les mines, mangé des fraises du bout du monde, voyagé en tous sens, nous avons éclairé nos nuits pour qu’elles ressemblent aux jours, nos repas sont devenus instagrammables mais les like ne nourrissent pas, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, nous avons chaussé des baskets qui clignotent quand on marche… franchement, on peut dire qu’on s’est bien amusés.
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, très techniques, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.
Franchement on s’est bien marrés. On a bien profité. Et on aimerait bien continuer.
« Sauvez-moi, ou crevez avec moi », tel est mon ultimatum !
“Parenthèse biologique” Si vous vous inquiétiez, les fourmis et les araignées, elles, nous survivront car elles naviguent comme personne entre les délires capitalistes et les prouesses technologiques, qui nous dépassent.
Sauvez-moi, ou crevez avec moi. Évidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico. D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance. Ce temps est révolu.
Nous y voilà, nous y sommes. Nous avons envie de changer, dès aujourd’hui, dès ce soir, dès maintenant !
Vous voir ici, dans cette jungle disco, me conforte dans l’idée que j’avais faux.
On ne l’a pas encore construite la vie meilleure, la vie rêvée. Ce sont toutes mes idées sombres que je vais jeter à l’eau et seule ma tête restera en l’air, fière de me dire qu’un réveil écologique se met en route.
Désormais nous allons conduire des vélos, tailler les mines de nos crayons pour ancrer des futurs solidaires, manger des fraises de chez nous, mixer nos smoothies, semer des graines, voyager en quête de sens, nous allons observer les étoiles plutôt qu’éclairer nos nuits, chausser des baskets jusqu’à l’usure et faire des pas de géants, nous allons nous nourrir vrai, redessiner nos paysages urbains et la nature en ville, danser sous la pluie, oser l’inattendu… franchement on peut dire qu’on va bien s’amuser.
Vous m’entendez maintenant ? Je ris !
Par temps gris, par temps pourri aussi. Je veux danser, je veux chanter, je veux que la joie envahisse le plancher !
On veut terminer ce texte par une promesse, celle d’être là et de danser ensemble sur les ruines de ce monde qui s’effondre, quoi qu’il advienne. “